Les
rameuses
L’histoire des rameuses remonte du début de
l’Ancien Empire, il est relaté dans le papyrus
de Westcar.
Un jour, le roi Snéfrou,
en quête de quelque distraction, parcourait
lentement toutes les pièces de son palais, il se
promena dans le jardin fleuri et odorant, dont
les mille parfums ne le guérirent pas de son
ennui. Il fit appeler le prêtre Djadjaemankh et
lui conta sa lassitude. Le prêtre, imagina une
heureuse diversion à l’ennui royal ; il dit à
pharaon :
’’ Que Ta Majesté se
rende auprès de l’étang du palais. Là, tu
ordonneras qu’un équipage monte à bord d’une
barque, il sera composé de toutes les jeunes et
jolies filles de ton harem. Ta Majesté, se
divertira tandis que tu les regarderas, en train
de ramer de ci, de là, d’un bord à l’autre de
l’étang, tu pourras contempler tous les bonheurs
de la nature. Le spectacle de toute cette vie,
fera disparaître ta fatigue du moment. ’’
Le roi Snéfrou fut
aussitôt séduit par cette proposition, et
commanda :
’’ Que l’on amène vingt
rames, faites de bois d’ébène et recouvertes
d’or ; leurs poignées seront en bois de santal,
recouvert également de l’or le plus fin. Que
l’on amène aussi vingt femmes, vierges encore,
dont les corps seront des plus beaux, la
poitrine droite et orgueilleuse et dont la
chevelure sera habilement tressée ; qu’elles
enlèvent leurs vêtements et s’habillent de
résilles légères. ’’
On agit conformément à
tous les ordres qu’avait prononcés Sa Majesté.
Le souverain les regarda tandis qu’elles
faisaient avancer la grande barque sur l’étang,
et son cœur se réjouit de voir la beauté de la
nature et celle des femmes au corps souple et
séduisant. Soudain, un incident se produisit,
qui arrêta le lent mouvement des rameuses ;
l’une d’entre elles, en voulant tresser une
natte de sa chevelure qui s’était dénouée, fit
tomber dans l’eau une boucle d’oreille de
turquoise à laquelle elle tenait beaucoup. Elle
n’accepta pas la proposition du roi, qui voulait
lui en donner une semblable. Snéfrou, qui
s’amusait de cette histoire, appela à nouveau le
prêtre Djadjaemankh. Celui-ci, également diverti
par cet incident léger, prononça quelques
formules magiques de sa connaissance ; alors on
put voir la moitié de l’eau de l’étang se
séparer de l’autre et venir recouvrir celle-ci.
Djadjaemankh traversa aisément à pied sec une
partie de l’étang et retrouva, gisant sur une
roche au plus profond de l’eau le bijou
convoité. Il le rendit à sa propriétaire,
heureuse et reconnaissante. Puis en énonçant une
autre formule magique, il replaça l’eau de
l’étang dans sa position originelle.
Texte traduit par Claire
Lalouette. Contes et récits de L’Egypte Ancienne
p 23, 24.
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